Les soignants comme co-animateurs : enrichir les animations en EHPAD par l'expertise médicale

Les animations en EHPAD jouent un rôle crucial pour maintenir la qualité de vie et le bien-être des résidents.

Traditionnellement, ces activités sont conçues et menées par des animateurs professionnels.

Cependant, il existe un potentiel immense à impliquer davantage le personnel soignant dans ce processus.

En tant que co-animateurs, les soignants peuvent apporter leur expertise médicale unique pour enrichir les animations et les adapter aux besoins spécifiques de chaque résident.

Cet article explore les avantages de cette approche interdisciplinaire et propose des stratégies concrètes pour sa mise en œuvre réussie.

Rôle des soignants dans les animations

Au-delà des soins traditionnels

Les soignants en EHPAD, qu'il s'agisse d'infirmiers, d'aides-soignants ou de médecins, ont pour mission première de veiller à la santé et au bien-être physique des résidents.

Ils prodiguent des soins, administrent des traitements et accompagnent les personnes âgées dans les gestes du quotidien.

Cependant, leur rôle ne se limite pas à ces aspects purement médicaux.

Les soignants sont aussi des interlocuteurs privilégiés des résidents, à l'écoute de leurs besoins, de leurs préférences et de leur histoire de vie.

En s'impliquant dans les animations aux côtés des animateurs, les soignants peuvent élargir leur champ d'action et contribuer à l'épanouissement global des résidents.

Ils apportent un regard complémentaire, nourri par leur connaissance fine de l'état de santé et des capacités de chacun.

Cette expertise est précieuse pour adapter les activités aux limitations physiques ou cognitives, mais aussi pour stimuler les résidents de manière personnalisée.

Une approche holistique des soins

L'engagement des soignants dans les animations s'inscrit dans une vision holistique des soins, qui ne se limite pas au médical mais prend en compte toutes les dimensions de la personne.

En co-animant des activités ludiques, créatives ou thérapeutiques, les soignants peuvent créer une relation différente avec les résidents, basée sur le plaisir partagé et la valorisation des compétences.

Cette approche favorise un climat de confiance et de bienveillance, propice à une meilleure adhésion aux soins.

Les résidents se sentent considérés dans leur globalité, et non réduits à leur pathologie ou à leur dépendance.

Ils sont plus enclins à s'ouvrir, à exprimer leurs besoins et à participer activement à leur prise en charge.

C'est tout l'écosystème de l'EHPAD qui se trouve enrichi par cette synergie entre soins et animations.

Bénéfices de l'expertise médicale dans les animations

Qualité et sécurité des activités

L'implication des soignants dans les animations apporte une plus-value indéniable en termes de qualité et de sécurité.

Forts de leur formation médicale, les soignants sont en mesure de repérer les signes de fatigue, de douleur ou de décompensation chez les résidents pendant les activités.

Ils peuvent ainsi adapter le rythme, proposer des pauses ou des alternatives pour prévenir tout risque de surmenage ou de chute.

De même, les soignants savent identifier les activités contre-indiquées en fonction des pathologies ou des traitements de chaque résident.

Ils peuvent orienter le choix des animations pour éviter les situations à risque, comme des mouvements trop amples pour une personne arthrosée ou des jeux de mémoire trop complexes pour un résident atteint de troubles cognitifs.

Cette vigilance est essentielle pour garantir le bien-être et la sécurité de tous.

Personnalisation des activités

Au-delà de la prévention des risques, l'expertise médicale des soignants est un atout précieux pour personnaliser les animations en fonction des besoins et des capacités de chaque résident.

En s'appuyant sur leur connaissance des dossiers médicaux, les soignants peuvent proposer des activités adaptées aux déficiences sensorielles, motrices ou cognitives.

Par exemple, pour un résident malvoyant, ils pourront suggérer des jeux tactiles ou des ateliers musicaux.

Pour une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer, ils privilégieront des activités de réminiscence, faisant appel à la mémoire ancienne.

Ce sur-mesure permet à chacun de participer pleinement, à son rythme, en exploitant ses ressources et en dépassant ses limitations.

Mais la personnalisation ne se limite pas aux aspects médicaux.

Les soignants sont aussi dépositaires de l'histoire de vie des résidents, de leurs goûts, de leurs habitudes.

Ils peuvent utiliser cette connaissance fine pour imaginer des animations qui font écho à leurs centres d'intérêt, à leurs souvenirs, à leurs envies.

C'est une façon de les valoriser dans leur identité et de maintenir leur sentiment d'utilité et de contrôle.

Formation et préparation des soignants pour la co-animation

Acquisition de compétences d'animation

Pour que les soignants puissent pleinement jouer leur rôle de co-animateurs, il est essentiel de les former aux techniques et aux outils de l'animation.

Cette formation doit leur donner les clés pour concevoir et animer des activités adaptées, en tenant compte des spécificités du public âgé et dépendant.

Les soignants doivent apprendre à définir des objectifs clairs pour chaque animation, à choisir des supports et des techniques variés, à gérer la dynamique de groupe.

Ils doivent aussi se familiariser avec les principes de la communication non verbale, de l'écoute active et de la stimulation cognitive.

L'enjeu est de leur donner confiance dans leur capacité à mener des activités ludiques et participatives, en complément de leur posture soignante habituelle.

Une préparation interdisciplinaire

Mais la formation des soignants ne suffit pas à garantir le succès des animations co-animées.

Il est tout aussi important de prévoir des temps de préparation et de concertation interdisciplinaires, réunissant soignants et animateurs.

Ces temps d'échange permettent de croiser les regards, de partager les informations utiles et de répartir les rôles de chacun.

Ensemble, soignants et animateurs définissent le contenu et le déroulé des animations, en articulant leurs compétences respectives.

Ils anticipent les éventuelles difficultés, prévoient des solutions de repli, s'accordent sur les consignes à donner aux résidents.

Cette préparation minutieuse est la clé d'une collaboration fluide et efficace, où chacun se sent légitime et complémentaire dans son rôle.

Elle permet aussi de dégager des pistes d'amélioration pour les prochaines animations, en tirant les enseignements de chaque expérience.

C'est dans cet aller-retour entre action et réflexion que se construit une véritable intelligence collective, au service de la qualité des animations proposées aux résidents.

Exemples d'activités co-animées

Retours d'expériences positives

De nombreux EHPAD ont déjà expérimenté avec succès des animations co-animées par des soignants et des animateurs.

Ces retours d'expériences montrent la diversité des possibles et les bénéfices concrets pour les résidents.

Dans un EHPAD du sud de la France, une infirmière et un animateur ont ainsi co-animé un atelier de cuisine thérapeutique.

L'objectif était de stimuler les sens et la mémoire des résidents atteints de troubles cognitifs, tout en maintenant leur autonomie dans les gestes du quotidien.

L'infirmière veillait à adapter les recettes aux régimes de chacun, tandis que l'animateur créait une ambiance conviviale et guidait les participants dans la réalisation des plats.

Dans un autre établissement, c'est un kinésithérapeute qui a co-animé avec l'animatrice des séances de gymnastique douce.

Son expertise a permis de proposer des mouvements parfaitement adaptés aux capacités motrices des résidents, tout en les encourageant à se dépasser progressivement.

Le kinésithérapeute pouvait aussi repérer les éventuelles douleurs et ajuster les exercices en conséquence.

Idées à mettre en pratique

Ces exemples inspirants donnent un aperçu des nombreuses possibilités d'animations co-animées à mettre en place au sein des EHPAD.

Voici cinq autres idées à explorer :

Un atelier de médiation animale, associant le médecin coordonnateur et l'animateur, pour favoriser les interactions avec des animaux domestiques tout en veillant à la sécurité sanitaire des résidents.
Des séances de musicothérapie, co-animées par un musicothérapeute et un aide-soignant, pour stimuler les émotions et la mémoire des résidents par le chant et l'écoute musicale.
Un parcours de psychomotricité, imaginé conjointement par l'ergothérapeute et l'animateur, pour entretenir la mobilité et l'équilibre des résidents de manière ludique.
Des ateliers de réminiscence, associant le psychologue et l'animateur, pour évoquer les souvenirs heureux des résidents et valoriser leur histoire de vie.
Des séances de méditation guidée, proposées par l'infirmier et l'animateur, pour favoriser la relaxation et le bien-être émotionnel des résidents.

Chacune de ces animations co-animées vise à mobiliser les ressources des résidents de manière globale, en articulant étroitement les dimensions médicales, psychologiques et sociales.

Elles contribuent à maintenir leur autonomie, à prévenir les troubles du comportement et à améliorer leur qualité de vie au quotidien.

Collaboration entre animateurs et soignants

Une communication fluide et régulière

Pour que la co-animation fonctionne de manière optimale, il est essentiel d'établir une communication fluide et régulière entre les animateurs et les soignants.

Cela passe par des temps d'échange formels, comme des réunions de coordination hebdomadaires, mais aussi par des interactions informelles au fil de la journée.

L'enjeu est de créer un climat de confiance et de respect mutuel, où chacun se sent écouté et valorisé dans son expertise.

Les animateurs et les soignants doivent apprendre à se connaître, à comprendre leurs contraintes et leurs priorités respectives.

Ils doivent aussi s'accorder sur un langage commun, pour éviter les malentendus et favoriser une compréhension partagée des objectifs.

Les bénéfices d'un travail en synergie

Quand cette collaboration est réussie, c'est toute la dynamique de l'EHPAD qui s'en trouve améliorée.

Les résidents bénéficient d'un accompagnement plus cohérent et personnalisé, où les animations font écho aux soins et inversement.

Ils se sentent entourés par une équipe soudée et bienveillante, ce qui renforce leur sentiment de sécurité et d'appartenance.

Pour les professionnels aussi, les bénéfices sont multiples.

Le travail en synergie permet de rompre l'isolement, de confronter les idées et de trouver du soutien face aux difficultés.

Il favorise le décloisonnement des métiers et l'acquisition de nouvelles compétences, sources d'enrichissement professionnel et personnel.

Au final, c'est la qualité de vie au travail de l'ensemble des équipes qui s'améliore, avec un impact positif sur la satisfaction et la fidélisation des personnels.

Dans un contexte de tension sur les recrutements, cette dimension est un atout majeur pour l'attractivité et la pérennité des EHPAD.

Défis et solutions

Surmonter les obstacles

Malgré ces avantages, la mise en place d'animations co-animées ne va pas sans défis.

Le premier d'entre eux est souvent le manque de temps et de disponibilité des soignants, déjà très sollicités par les actes de soin.

Il peut être difficile pour eux de dégager des créneaux pour préparer et animer des activités, sans empiéter sur leurs autres missions.

Un autre défi fréquent est le cloisonnement des cultures professionnelles, qui peut générer des incompréhensions ou des résistances.

Certains soignants peuvent avoir du mal à se projeter dans un rôle d'animateur, qu'ils perçoivent comme éloigné de leur cœur de métier.

À l'inverse, certains animateurs peuvent craindre une forme d'ingérence des soignants dans leur champ d'expertise.

Pistes et bonnes pratiques

Pour surmonter ces obstacles, plusieurs leviers peuvent être activés.

Le premier est de formaliser clairement la co-animation dans les fiches de poste et les plannings des professionnels concernés.

En identifiant un temps dédié à cette mission, on légitimise son importance et on facilite son organisation concrète.

Il est aussi essentiel de miser sur la formation et la montée en compétences des soignants, pour les aider à appréhender leur nouveau rôle avec confiance et créativité.

Des modules spécifiques peuvent être proposés, en interne ou en externe, sur des thématiques comme les techniques d'animation, la gestion de groupe ou la communication interpersonnelle.

Enfin, l'impulsion et le soutien de la direction sont déterminants pour inscrire durablement la co-animation dans les pratiques.

Cela passe par une valorisation explicite de cette démarche, mais aussi par l'allocation de moyens dédiés, qu'il s'agisse de temps, de matériel ou de budget.

L'enjeu est de créer un environnement favorable, qui encourage l'initiative et la créativité des équipes.

Conclusion

L'implication des soignants comme co-animateurs dans les animations en EHPAD offre de multiples avantages, améliorant significativement la qualité des activités proposées tout en enrichissant l'expérience des résidents.

Cette collaboration interdisciplinaire non seulement augmente l'engagement des résidents grâce à des animations plus adaptées et sécurisées, mais elle favorise également un climat de compréhension et de soutien mutuel entre le personnel.

Nous vous encourageons vivement à explorer et adopter cette approche interdisciplinaire.

En intégrant les compétences médicales et soignantes dans la conception et la mise en œuvre des animations, vous pouvez créer un environnement plus réactif et attentif aux besoins physiques et émotionnels des résidents.

Cela non seulement améliore leur bien-être mais renforce aussi la qualité globale des soins et des activités offertes en EHPAD.

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